Fuites et Perspectives...
Ce sont les arbres qui permettent de parler de fuites et de perspectives. Ce sont eux qui coupent les vues, segmentent et donnent aux paysages boisés ou découverts ces aspects et ces lignes où les regards se perdent et les imaginations se libèrent pour donner à la nature d'autres existences, d'autres profils que les hommes livrent à leurs semblables.
Il nous arrive souvent de marcher le long d' une allée bordée de platanes, de tilleuls ou de marronniers. Et, l'on se demande où nous conduirait cette même allée, sur quelle issue débouche ce cheminement tranquille ? Mais, plus on s'approche de la fin, plus la perspective devient paysage conquis, tangible et investi, au sens strict du terme!
Quand aux fuites, aux percées que ponctuent les haies, les bosquets et autres buissons sauvages ou cultivés par les hommes, tout regard devient singulier, original et strictement ponctuel.
Ce même regard est le fruit d'une histoire particulière. Il donne, par conséquent, aux fuites naturelles perçues, des sens qui lui sont propres. Il arrive même qu'un regard en rappelle un autre, une impression partagée. Ici, interviennent alors des affinités de perceptions qui font de nous des complices naturels. Proches ou lointains !
Les fuites et les perspectives n'existeraient pas sans les arbres, sans ces bouquets qui limitent les prairies et les haies, ces bocages qui dessinent, surlignent un univers qui serait plat et sans surprises sans eux !
Rien n'est plus grisant donc que l'évasion que semblent inspirer une allée que l'on emprunte ou un boqueteau que l'on voit de loin ; mieux encore, un bâtiment de caractère serti dans les sombres branches d'un cèdre ou dans l'audacieuse frondaison d'un tilleul échappé à ses congénères alignés, disciplinés. Lui, seul, mais splendidement isolé !
Que de merveilles pour nos yeux. Il suffit de prendre le temps de s'évader : s'engager dans ces fuites et se perdre dans ces perspectives!
M.B
