Le beau Prunellier
Il est un arbuste épineux que l'on retrouve un peu partout en France et qui, paradoxalement reste méconnu ou ignoré ... par la majorité des gens;
pourtant, notre plante est très visible, rustique et pionnière. On peut la voir aux lisières des champs et des bosquets. Elle fait souvent partie des lignes de haies bocagères dans la campagne et dans les lieux périurbains . Ses petites fleurs blanches au coeur vert sont reconnaissables de loin et s'épanouissent dès le printemps. Elles attirent divers pollinisateurs et préparent l'arrivée des fruits : petites billes à la chair juteuse âcre en bouche.
Le prunellier- c'est bien lui- appelé aussi épine noire ou buisson noir, possède un bois épais et dur qui a connu ses heures de gloire auprès des marqueteurs et des artisans en ébénisterie aux siècles précédents. Il fut aussi apprécié pour le chauffage car il se consumait lentement et durablement pour le bonheur des villageois modestes et sans grandes ressources. Les boulangers s'émerveillaient devant sa flamme vigoureuse et intense dans les fours à pain.
Mais, aujourd'hui, le prunellier est l'oublié des haies. Il fait, surtout, partie des paysages ruraux avec l'aubépine sa voisine, les ronces et autres arbustes soulignant les vastes terres agricoles et les plaines herbeuses. Ses fruits sont en réalité des drupes d'un bleu tirant sur le violet, amères et sans grande saveur pour les hommes. Il faut, selon l'expérience des anciens, attendre les gelées pour que la consommation de ses baies devienne possible et intéressante. Les oiseaux, quant à eux, n'attendent pas les frimas pour en manger. Grives, merles et autres petits passereaux fréquentent assidûment l'arbuste inhospitalier pour se maintenir à une température vitale et avoir à la fois le gîte et le couvert sans trop se dépenser.
Le prunellier reçoit également des visites régulières de mammifères et de micromammifères : renards, blaireaux , martres, fouines souris et campagnols; passants intéressés et qui ne manquent pas de disséminer un peu partout - tout comme les oiseaux- les noyaux des fruits "empruntés" à l'austère arbuste.
Ainsi notre prunellier se multiplie et voyage au gré des visites, sans rendez-vous, de ses convives à crocs ou à becs...
M.B.
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