"Mauvaises herbes"? (Second pétale)
Ci-dessous : sauge des prés (Marmoutier)
Dans quelques semaines bien comptées, des plantes de bord de route, des champs, des parcs et de quelques jardins libres, vont nous quitter. Drôles de migrations où les graines retournent à la terre nourricière pour engager une gestation dont seule la lune connaît les arcanes.
Qui est donc ce premier jardinier, quelque peu énervé, qui vous qualifia de "mauvaises herbes"? Cet homme qui vous arracha du sol où la nature a mis des mois pour vous parfaire? Mais nous avons tous cédé, un jour ou l'autre, à ce cri de colère et, comme les moutons de Panurge, nous avons suivi ce jardinier sur les bords escarpés de l'ignorance! Et, nous avons opéré -heureusement- un recul salutaire.
Promeneur solitaire et toujours émerveillé dans le parc de Marmoutier, j'ai vu, toute une famille de mauves sylvestres habillant un versant d'allée de marronniers et de tilleuls; j'ai vu une sauge des prés posée comme une pierre précieuse violette dans un champ d'émeraudes. J'ai vu, enfin, et là c'est assez singulier et inattendu, une épervière piloselle offrant ses pétales jaunes au géant rampant qui l'abrite : un genévrier d'un âge honorable bordant l'allée centrale de l'établissement.
Qui vous a dit "mauvaises herbes" au moment même où vous forcez l'attention, provoquez l'inattendu, soulignez l'éphémère et ponctuez l'éternel retour ?
J'ose vous qualifier de sauvages mais au sens rousseauiste du terme : bonnes sauvages.
M.B.
Restez curieux!
ci contre : Chénopode blanc (Marmoutier)
ci-dessus : Epervière piloselle (Marmoutier)
Ci-dessus : mauve sylvestre
