Octobre ou le maître des nuances ( Premier lobe)
Ci-dessous : feuille d'érable plane
Dans la ronde des mois où les couleurs sont, en grande partie, franches et bien définies, le mois d'octobre affiche un flou, une nuance, que dis-je? Des nuances ! Plusieurs teintes rappelant certaines toiles de la Peinture flamande : chaleur, vibration continue et vagues impressionnistes que semblent dessiner les feuilles d'automne.
Et, nous avons le rouge fauve de l'érable, le jaune d'or du bouleau, l'orange éclatant du tulipier de Virginie et le marron franc et coriace du platane ! Ce ne sont pas les couleurs des voyelles de Rimbaud, mais, elles ont en l'évocation et la symbolique : dans la neutralité du sort, elles affichent des différences. Toute la richesse automnale est dans ces feuilles dites mortes mais dont l'efficience est ailleurs!
A y regarder de près, les nervures sont toujours là, les traces de piqûres d'insectes, celles du temps et des saisons. Toute feuille a son histoire écrite sur son corps parcheminé. Les plus fragiles disparaissent en quelques mois, les plus résistantes sont souvent retrouvées au coin d'un mur ou le long des haies déjà refleuries : c'est le cas des feuilles de platane, des chênes et des lauriers cerises.
Les arbres sont immobiles. C'est une évidence. Mais on peut croire, poétiquement, que les feuilles attendent l'automne pour voyager. Certaines parcourent sur les ailes du vent plusieurs kilomètres, loin de l'arbre-source. Mourir pour voyager rejoint donc ce vieil adage humain : voyager c'est mourir un peu.
Mais nos feuilles vont au-delà de l' imaginaire humain : elles tombent et nourrissent l'humus* qui donnera de la vie et de l'énergie à d'autres êtres que l'automne et l'hiver porteront en une gestation magique. Nous saurons attendre...
La renaissance !
Humus : mélange décomposé de matières organiques animales et végétales qui fertilisent les sols.
M.B.
Restez curieux!
Ci-dessus : feuilles de charme
Ci dessus: feuilles de platane et quelques feuilles d'érables voyageuses !
