Où sont donc passées les feuilles dites "mortes" ?
Ci-dessus : feuille immense et rare de l'arbre aux concombres.....(Jardin botanique. Tours)
Parti au loin avec son cortège de feuilles de toutes sortes, de toutes tailles et de diverses conditions, l'automne laisse à l'hiver un monde qui entre en gestation. Il est bien parti malgré le calendrier des hommes. Un sommeil plus ou moins long selon l'espace et la durée de la froidure, des gelées, des frimas et des inattendues douceurs de certaines périodes, plonge la nature dans une sorte de léthargie salutaire!
Mais, le monde des feuilles est vivant. Au sol, elles voyagent ou restent des heures ou des nuits près de l'arbre-source. Elles se défont doucement de leurs nervures, de leur chair et nourrissent, indifféremment, tout ce qui est autour d'elles : des insectes, d'autres plantes et des animaux de grande taille.
Et, vous avez la feuille du bouleau d'un jaune d'or petite et légère collant facilement au sol; la feuille du noyer lourde et noire méconnaissable alors qu'elle vibrait verte et luisante, il y a quelques mois sur des branches torturées et vigoureuses. Puis, la feuille du platane, majestueuse et insolente bravant les vents, les pluies et ne se dégradant que très lentement, traversant ainsi les mois les plus durs et accueillant sans faillir les fraîches matinées printanières!
Au sol, les feuilles ne sont pas mortes. Elles s'émeuvent, volent et passent leurs nuits dans les espaces les plus inattendus : gouttières, pare-brise de voitures, toits ou seuils de maisons, chaussées, prairies ouvertes et même sur des arbres dont elles ne sont pas issues.
Vagabondes et traînant souvent leur pédoncule comme une queue favorisant un équilibre incertain, elles deviennent complices de l'humus d'où jailliront les pousses de demain.
Vivantes feuilles !
Quand une main innocente brandit des feuilles comme un éventail magique !
