Un arbre en hiver !
Faut-il regarder le calendrier des hommes pour déterminer, avec justesse, les saisons ?
Pour celui qui ne se préoccupe guère de cette segmentation désormais de plus en plus hasardeuse et de cette périodisation de plus en plus inexacte, l'hiver est là, avec son cortège de givre, de neige et de frimas.
La nature nous en offre régulièrement l'illustration la plus convaincante.
Il nous arrive d'accabler nos arbres de sentiments humains en nous disant qu'ils doivent frémir sous le manteau neigeux de décembre ou sous la pluie froide et verglacée des mois de cette saison dite rude.
Mais, notre arbre qu'il soit à feuilles caduques ou à feuilles persistantes adapte ses comportements aux changements saisonniers. Aussi dépense -t- il beaucoup moins d'énergie, la concentre sur les parties basses de son corps, régule sa transpiration et se nourrit le plus sereinement possible de ce que peuvent lui apporter, la neige et la pluie. C'est un apport supplémentaire de vigueur en vue des saisons dites clémentes.
Bien entendu, certaines plantes gélives* souffrent à cause des basses températures. Dans les cas rares où elles montrent une certaine résistance et une adaptabilité suffisante, elles deviennent alors vivaces et donc définitivement naturalisées.
Voilà pourquoi, la connaissance du monde végétal doit nous prévenir et nous prémunir contre les mauvais choix : l'utilité de planter ou de transplanter telle ou telle plante en fonction de nos désirs égoïstes, placer tel ou tel arbre dans un endroit voulu, sans examen préalable...
En vérité, nous devons intervenir le moins possible dans le cycle immuable de l'arbre, en prenant conscience de l'importance vitale de l'hiver dans l'équilibre général de toute plante.
De façon imagée et poétique, nous dirions que cette saison apporte le repos et la dormance* nécessaires pour mieux parfaire l'immense tableau de la nature. Elle est la station obligatoire pour ralentir le débit du souffle des arbres. C'est là, finalement, où l'oxygénation optimale se fait pour faire renaître les millions de vies promises.
En somme, s'il y a véritable souffrance de l'arbre en hiver, elle est généralement due à deux facteurs possibles : l'un naturel mais souvent extrême et rare, l'autre humain, souvent trahissant une méconnaissance du monde végétal.
Sachons de saison en saison, admirer sans ciller, les moindres nuances froides ou chaudes du monde des arbres !
M.B.
* Gélif ou gélive : arbre ou plante ne supportant pas les basses températures.
* Dormance : Le sommeil dans le monde végétal.
